Les troubles alimentaires sont retrouvés très souvent pendant l'adolescence, mais peuvent aussi exister à l'âge adulte.
Ce sont des problématiques très envahissantes dans le quotidien puisque s'alimenter est la base de la vie et constitue un acte socialisé, puisqu'on mange le plus souvent avec sa famille, ses amis, ses collègues...
Ces troubles ne sont pas à négliger puisqu'ils peuvent aller de la simple perte de poids à la mort, en passant par une désocialisation massive (descolarisation, repli...).
Dans ces problématiques, l'aliment constitue l'objet d'une véritable obsession, puisque la personne y pense continuellement. Mais, pour des raisons qui lui sont propres, comme vouloir perdre du poids, correspondre à un stéréotype de beauté féminine, elle tente de contrôler cet objet du désir. Cette tentative de contrôle rend l'objet du désir d'autant plus attractif et le plaisir de s'alimenter d'autant plus intense. La personne tente alors d'espacer les moments de plaisir (s'alimenter), pour contrôler son désir (celui de s'alimenter) et maîtriser sa frustration (celle de ne pas s'alimenter). Dans ce cadre, les personnalités impulsives vont avoir tendance à céder au désir comme dans la boulimie, et manger, dans un acte de compulsion. Les tendances à l'anorexie correspondent à une maîtrise plus importante de la faim et du désir, mais aussi un risque de mort supérieur.
Comme on peut le voir, la personne qui souffre de troubles alimentaires manifeste une forme d'ambivalence dans les sentiments de plaisir et de déplaisir. S'alimenter représente un plaisir direct mais aussi un déplaisir (celui de ne pas contrôler), et il en est de même de l'attente de s'alimenter dans la maitrise de la faim (plaisir d'attendre de manger et déplaisir dans le fait d'avoir faim). On peut alors retrouver une forme d'auto-érotisme et de sadisme: la personne se fait du bien en ne mangeant pas, c'est-à-dire en se faisant souffrir.
Pour conclure, ces troubles manifestent un désir d'indépendance, bien souvent durant l'adolescence, puisque le jeune tente de contrôler ses sentiments et son rapport à l'autre (comme le parent), à travers son rapport à l'aliment. Il tente de maitriser son désir de manger, comparativement à son désir de s'autonomiser de ses parents (qui est ambivalent puisqu'il souhaite s'en distancer et n'y parvient pas puisqu'il y est très attaché) ou de la pression sociale. Dans le rapport à l'aliment se joue alors un rapport à l'autre, et ainsi parfois une relation tyrannique lorsque le jeune impose un rapprochement voire un sur-investissement de ses parents quand il joue avec la mort.
La prise en charge des troubles alimentaires est très importante pour diminuer ses manifestations voire les éradiquer et peut nécessiter une prise en charge longue.